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Metal Gear

Introduction

 

Metal Gear Logo

Metal Gear Cover art

Cover Metal Gear MSXMSX MSX2
JP   12 juillet 1987
UE   Septembre 1987
WWW   Site officiel
Cover Metal Gear NESNES NES
JP   22 décembre 1987
US   Mai 1988
UE   Mars 1989

Metal Gear ? Un jeu novateur, tout simplement. A une époque où les joueurs s'amusaient le plus souvent à s'adonner à des softs où l'on ne cesse de tirer -le bon vieux temps des shmups-, Metal Gear s'aventure hors des sentiers battus. C'est l'un des tous premiers jeux vidéo d'action à proposer au joueur de réfléchir un tantinet avant d'agir... Un peu à l'instar du très connu Saboteur, sorti à la même époque. Le pari était risqué pour le jeune game designer du projet, Hideo Kojima, qui sortait tout juste de la co-réalisation d'un jeu mettant en scène la mascotte de l'époque de Konami (un pingouin) et d'un projet de jeu avorté, Lost Warld.

Le concept de Kojima : Le classique "Moi vois, moi tue" ne doit plus être de la partie dans ce nouveau genre de soft, nommé par son inventeur Tactical Espionnage Game. Il y voit un genre alliant le plaisir enfantin du "cache-cache" et l'immersion ressentie face à un livre ou à un film. Il a aussi dans l'optique de simuler une "expérience active". Un peu à la manière des films et livres d'anticipation qu'apprécie Kojima (en témoigne son addiction toute particulière au monde décrit dans le diptyque Blade Runner), utiliser les jeux vidéo peut permettre d'expérimenter, virtuellement, la vie dans un avenir proche. Voire même dans un monde uchronique, tel qu'il pourrait être si certains événements s'étaient déroulés différemment.

Metal Gear MSX screenshot 01

Il est nécessaire, à ses yeux, que ce concept ne soit pas limité par des systèmes de jeux déjà désignés comme "classiques". Sont compris les RPGs, les simulations et les jeux d'aventure. L'approche se doit d'être originale afin de mériter le qualificatif très pompeux de "New General Entertainment Game" (littéralement : "un nouveau jeu de divertissement général"). Les jeux vidéo pourraient ainsi passer du "divertissement simple" à un véritable "monde interactif". C'est dans cette optique qu'est née l'idée du jeu d'espionnage tactique que nous connaissons tous aujourd'hui.

Ainsi donc, ce qui fait de ce Metal Gear un des jeux d'action/aventure les plus exceptionnels des années 80, ce n'est pas une réalisation à couper le souffle. En effet, vous vous en doutez bien, à l'époque, ce n'était pas fameux : couleurs sombres, deux animations et demi pour les persos, musiques simplistes (bien que reprises par la suite) et sons Bontempi, etc. Non, non, la substantifique moelle de Metal Gear n'est pas là... Ce n'était pas non plus le jeu parfait pour se défouler ou le soft idéal pour une soirée entre potes. Mais alors, qu'est-ce qu'on peut trouver de bien à ce jeu ? En fait, c'est tout simple : ce qui fait la force de ce jeu, c'est l'aspect original qu'à trouvé Kojima pour mettre en scène sa vision du jeu vidéo : l'aspect "infiltration", combiné avec un scénario plus mature (sur le papier du moins, car il faudra attendre le second épisode pour y trouver une réelle profondeur) qu'à l'accoutumée. Ce genre d'histoires où les rebondissements s'enchaînent et où on ne sait jamais qui est vraiment du bon coté...

Le concept de ce premier jeu privilégie la ruse et/ou l'utilisation de l'environnement à bon escient. Solid Snake, le héros,  n'a que peu de ressources pour alliés. De ce fait, la meilleure façon de parvenir à la zone suivante ne sera pas d'affronter tous les molosses du coin. Encore moins de passer par la grande porte, gardée en général par des gros bras. Dans un jeu plus classique, la situation est rarement source d'interrogations : Tu sors ton flingue, tu tires bien, et c'est dans la poche. Avec Metal Gear, c'est l'inverse : passer par des endroits inhabituels, se faufiler dans les coins et utiliser les ombres pour passer les différents obstacles... Telle est la clé. La patience et l'observation se révèlent salutaires, et on se retrouve devant une sorte de Pacman réaliste. Snake dans le rôle de la boule jaune, esquivant les fantômes-soldats et récupérant les pacgommes-items indispensables à la continuation de sa mission.

On remarquera d'ailleurs que, en ce qui concerne le gameplay, les possibilités ne sont pas très nombreuses : on ne peut même pas ramper ! Ceci ne gêne pourtant en rien l'aventure, le level design étant parfaitement adapté au principe maître du jeu. Grâce à la vue de trois-quarts éloignée, on peut voir clairement les patrouilles des gardes, et ainsi avancer le plus sûrement possible. A noter, toutefois, qu'il n'y a aucun scrolling entre les différents écrans de jeu -défaut imputable à la puissance limitée de la machine-. Il faut donc être vigilant et vite se cacher des yeux ennemis lorsque l'on arrive dans une nouvelle scène.

Metal Gear MSX screenshot 03 Le système d'inventaire et d'armement est quant à lui beaucoup plus bateau. Les objets possédés et leur utilisation le sont parfois beaucoup moins. On peut porter au maximum deux objets simultanément : une arme et un item au choix. Il faudra donc constamment jongler entre les écrans d'inventaire et de jeu, notamment lorsqu'une pièce est remplie de gaz nocif : il vous faut enlever rapidement votre masque à gaz pour ouvrir une porte avec une carte.

Une fois devient coutume, le héros, Solid Snake, commence sa mission avec pour seul équipement ses cigarettes. Il est obligé de trouver les armes et objets nécessaire sur place, au court de sa mission, qui consiste à retrouver l'agent Grey Fox, capturé par l'ennemi. Viennent par la suite se greffer d'autres objectifs : sauver des scientifiques, jeunes filles, résistants et prisonniers, ou encore trouver et détruire le Metal Gear TX-55, arme de destruction absolue découverte par Fox.

Le radar, qui facilite grandement la partie dans les opus récents, n'est pas encore présent. Cependant, ce manque est compensé par le fait que la plupart des gardes n'aient pas une intelligence artificielle très développée, même s'ils réagissent au "son" -dès qu'un coup de feu est tiré-. Les gardes peuvent être regroupés en deux catégories.

Metal Gear MSX screenshot 06Les premiers ne vous poursuivent que sur un seul "écran" (les points d'exclamations lorsqu'ils vous trouvent sont rouges sur fond blanc). Les autres (deux points d'exclamations sur fond jaune), une fois Snake repéré, ne le lâcheront plus, ameutant par la même occasion les gardes de "type un" du coin. N'oublions pas les caméras et les dobermans, tout simplement redoutables... Autant vous le dire tout de suite : même s'ils ne sont pas bien malins, Snake ne peut pas tenir longtemps face à ces soldats. Au placard la fierté : la fuite fait également partie intégrante du concept.

Dernière trouvaille de ce jeu, et donnant réellement du crédit à cette idée d'immersion et d'appartenance à un monde propre à l'action : le Transceiver. Comparable à un CODEC antique, cet engin similaire à un talkie-walkie est plus qu'un accessoire : il est le seul contact avec l'extérieur. Il permet donc de communiquer avec Big Boss, le superviseur de la mission, ou ses différents alliés, rencontrés au court de l'infiltration. Chacun a d'ailleurs sa spécialité : Diane sait comment battre les boss qui se dressent sur le chemin du héros, Jennifer peut vous procurer divers items ou ouvrir des portes, et enfin Kyle Schneider connaît par cœur les lieux. Leur présence n'est pas qu'anecdotique, l'utilisation de cette fonction est indispensable à la mission, et même tout simplement à l'histoire : idées, réactions à un événement, conseils divers.

La première fois que les joueurs ont pu goûter à Metal Gear, c'était en 1987, sur MSX. Cette plate-forme de jeu, mi-ordi mi-console et produit de l'association entre ASCII et Microsoft, était assez populaire au Japon et en Europe (notamment en Russie). Cependant, ce standard était quasiment inconnu aux Etats-Unis. De ce fait, les Américains durent attendre 1988 afin de pouvoir jouer à ce soft, lorsque Konami l'a sorti sous le label "Ultra Games" sur la 8 bits de Nintendo, la NES .

Metal Gear NES screenshotCette adaptation pour la firme du plombier avait d'ailleurs subit quelques changements, à première vue mineurs, par rapport à la version MSX. Outre une palette de couleurs plus vives qui rompait avec l'aspect sombre de l'opus originel, les niveaux étaient différents à certains endroits. Pour s'en convaincre, il n'y a qu'à comparer la scène d'ouverture des deux jeux. Sur MSX, Snake arrive par l'eau (on peut voir cette scène via CODEC vers la fin de MGS2, d'ailleurs), alors que sur NES, il est parachuté en pleine jungle.

De plus, le jeu NES se révèle beaucoup plus facile : de nombreux gardes sont absents dans cette version, et ceux restants sont très faciles à éviter. Tout comme les boss. Leurs failles sont nombreuses, mais elles ne sont pas nécessairement liées à un manque de munitions ou à un défaut prévu. Non. Dans cette adaptation, il y a un grand nombre de bugs. On peut par exemple éviter la confrontation contre le Tank... En passant à travers. Et, croyez-le ou non, on peut réussir à finir le jeu sans retrouver Petrovich. Qui est tout de même le créateur du Metal Gear TX-55, et donc le principal otage à sauver. Autant dire que la finition de cette version n'était pas parfaite, et de ce fait le jeu en fini assez dénaturé.

De même, au niveau de la traduction, on ne peut pas dire que ce soit vraiment irréprochable. Pour exemple : Big Boss dit à un moment "Now, locate the Grey Fox's hidden cells"... Si on traduit en français, Big Boss explique que Grey Fox se trouve dans plusieurs cellules en même temps. On le savait très fort, mais pas à ce point là. Enfin, bien que Big Boss soit toujours le vrai méchant-pas-beau-en-plus-c'est-un-traître du jeu, le manuel d'instruction NES raconte qu'un autre homme serait à la tête des mercenaires d'Outer Heaven, biographie à l'appui  : le Colonel Vernon CaTaffy. Mais. On ne le voit pas dans le jeu, aucune allusion. Rien. Allez chercher à comprendre.

Quoiqu'il en soit, c'est la version MSX, le premier jeu de Kojima, qui est considéré comme étant le "vrai" premier Metal Gear. Mais quelle que soit la console par laquelle on a connu les premières aventures de Snake, ou même les défauts importants vus ici ou là, on ne peut nier en aucun cas que ce soft de Konami fut une petite révolution à son époque.

Mais peu de gens savent que Metal Gear fut également adapté de manière similaire à l'opus NES (bien que certaines zones aient été modifiées et la plupart des musiques, supprimées) sur Commodore 64 et sur PC en 1990. Le premier jalon de la saga était aussi prévu sur Amiga, mais cette version-ci ne vit jamais le jour.

Le portage NES fit en outre l'objet d'une novélisation par Alexander Frost dans le cadre de la série de livres "Nintendo : Worlds of Power" publiée par Scholastic. Dans ce roman (qui offre aux joueurs-lecteurs des indices pour terminer le jeu, par la même occasion), Snake n'emploie pratiquement jamais son arme (le pistolet qu'il tient sur la jaquette a d'ailleurs été masqué graphiquement). Il fait désormais partie des "Snake Men" et on y apprend que son véritable nom est... Justin Halley (sic).

Enfin, ce fameux épisode NES fut réédité sous forme émulée dans le Premium Pack de Metal Gear Solid : The Twin Snakes.

 A noter 
Le Metal Gear MSX original, non altéré, peut être loué pour une période de 24 h, une semaine ou encore acheté sur le site i-revo de Konami.