Metal Gear Ghost Babel / Metal Gear Solid

GameBoy Color
  5 mars 2000
  5 mars 2000
  27 avril 2000
  Site officiel

Commençons par le commencement, c'est à dire le titre du jeu. Ce Metal Gear Solid version Game Boy Color n'a en fait pas grand chose à voir avec ce que l'on connait sur PlayStation... La date de l'aventure (située entre MG2 et MGS), les protagonistes (en partie) et boss, ou l'endroit même de la mission (la Centrafrique, rien à voir avec l'Alaska) sont différents. En fait, le vrai titre de ce soft est Metal Gear : Ghost Babel, au Japon. Mais, à la demande de ce très cher Monsieur Marketing, le jeu a été rebaptisé pour les occidentaux. N'espérez donc pas revivre l'incident de Shadow Moses sur console portable.

Cependant, on peut rapprocher MG:GB et MGS sur certains points. Le radar combine celui de MG2 et celui de MGS, le Colonel et Mei Ling sont présents, le Codec a une interface quasi-identique entre les deux versions, Snake possède le même équipement de mission dans les deux jeux -sa combi fonctionne aussi bien en Alaska que dans la jungle, dingue-, on trouve une femme soldat qui embête Snake, des VR-Missions, avec la reprise de grand nombre de niveaux de l'add-on VR-Missions...

Quant au scénario du jeu, il est assez complexe, ce qui est assez rare sur une console portable pour être souligné. Bien qu'il s'agisse d'un épisode parrallèle à la série, l'histoire originale reste l'oeuvre de Hideo Kojima, épaulé par son acolyte Tomokazu Fukushima, déjà présent sur les nombreux jeux de la saga MGS sortis jusqu'à présent. Le dernier à préter sa plume au jeu est Shuyo Murata. Ce nom ne vous dit sûrement pas grand chose, mais sachez que cet homme se cache derrière "The Shocking Conspiracy Behind Shadow Moses" (le livre de Gary McGolden, le "journaliste" qui croit avoir été enlevé par des ETs), et est aussi à la fois scénariste, game designer et directeur de projet de ZOE The Second Runner... Et surtout, c'est le prochain maitre d'oeuvre de MGS4. Toutefois, il s'agit là d'une histoire annexe à la saga. De nombreuses incohérences temporelles sont présentes... Peut-on mettre ça sur le dos des... Patriotes ?

Le mode "Story" étant très rapide à plier -comptez 6 heures maxi-, les développeurs ont eu la bonne idée d'ajouter quelques surprises et modes bonus, accessibles une fois le jeu fini : une histoire intitulée IdeaSpy 2.5 qui parodie le milieu des espions en le combinant à notre fabuleux monde capitaliste, un mode multijoueur très bien foutu, et enfin un mode nommé "Spécial", qui vous demande, au travers de trois objectifs divers, de revisiter le jeu.

Entre autres, vous aurez au programme : la récolte d'insignes Fox-Hound, finir le stage en un temps ou en nombre de pas délimités, en ne restant jamais sur place sous peine d'exploser, en ne se faisant pas repérer, ou encore s'occuper d'un boss avec une arme spécifique, contacter Mei Ling à différents points du niveau... En bref, de quoi prouver que vous êtes...hum...digne de la légende qu'est Solid Snake.

Quant au très bon mode multijoueur, vous pourrez affronter un ami en link. Les deux joueurs, qui incarnent tous deux Snake, doivent récupérer trois disques éparpillés dans un complexe, et ensuite s'échapper de celui-ci tout en empêchant son adversaire de gagner. Si un des joueurs meurt, les disques qu'il aura récupérés se retrouvent dans le complexe, et il faut tout recommencer.

Techniquement parlant, Metal Gear : Ghost Babel possède une réalisation plus que correcte. Le jeu est assez coloré mais reste lisible , les animations fluides, les musiques audibles et reprenant les thèmes de MGS premier du nom. L'aspect graphique est assez proche des Metal Gear versions MSX2 ou NES, avec une vue de trois-quart assez éloignée pour apréhender l'environnement correctement. Mais c'est plus beau, plus fluide, aussi. Bien sûr, la réalisation cinématographique est absente. Normal, vu les capacités de la petite 8 bits qu'est la Game Boy Color. Mais on retrouve les bases du gameplay du "Tactical Espionnage Action".

Ainsi, sont encore de la partie la possibilité de se coller contre un mur pour éviter une ronde et les coups aux murs pour attirer les gardes, d'exploser les murs, d'utiliser le toujours classique "coup du carton"... Ajout au gameplay vraiment intéressant : il est possible, afin de se cacher des gardes, de ramper dans les marécages afin d'être parfaitement invisible. Il ne faut toutefois pas oublier alors de sortir afin de reprendre sa respiration.

Les soldats de Galuade, comme les ennemis de la version PSone, ont une intelligence artificielle assez "impressionnante". Comprenez par là qu'ils entendent, voient, et sont difficiles à semer... De même, les armes et les objets de Solid Snake que l'on trouve sur PlayStation sont à nouveau là, exception faite du PSG-1 et des missiles Stinger.

Cet opus est un jeu vraiment intéressant. Il promet de longues et bonnes heures de jeu, de quoi facilement patienter dans les salles d'attente. Votre Game Boy se régalera. Toutefois, si ce soft n'est pas indispensable vis à vis de la trame scénaristique de la saga, les évènements de Metal Gear : Ghost Babel n'ayant aucune incidence sur les autres épisodes, il permet de lever le voile sur des grands mystères concernant l'implication des Etats-Unis dans la création d'Outer Heaven (où la fin est relatée dans Metal Gear, le tout premier épisode de 1987).

D'autres petites révélations sont aussi décelables... Dont certaines qui vous diront quelque chose si vous vous êtes essayés à Metal Gear Solid 2. A noter que, le jeu restant dans une sorte de monde parrallèle à la série principale, certaines raisons évoquées dans le scénario sont en contradiction avec ce que l'ont peut déduire suite à l'aventure Metal Gear Solid 3.